DEUX ÂMES SŒURS
Si différentes, mais pourtant reliées l’une à l’autre.
Si lointaines, mais pourtant si proches.
Elles ont du mal à s’assumer, voilà tout.
Elles n’y arrivent pas, pourtant, qu’est-ce qu’elles s’aiment !
À l’abri des regards indiscrets, voilà où elles se retrouvent,
Pour pouvoir sans gêne s’admirer et s’aimer.
Elles sont l’une pour l’autre comme l’oxygène,
Ce sont deux femmes, mais avant tout, deux âmes.
Deux âmes éphémères, en emprise l’une sur l’autre,
Mais c’est impur aux yeux des autres.
Alors, à travers leurs regards, elles se murmurent
Mille et un mots d’affection et de tendresse.
Leurs regards, autant que leurs âmes,
Crient leur amour encore et encore.
Elles font semblant de rien, par simple peur,
Peur du jugement, peur de perdre leur famille ou leurs amis.
Si leurs familles venaient à le découvrir, ce serait un drame,
Elles se feraient blâmer de mille façons.
Elles s’aiment, mais on leur interdit de le vivre pleinement.
On oublie souvent qu’un cœur qui aime
Aime l’âme et la personne avant son corps.
Et ces deux âmes sont d’une beauté et d’une pureté,
Semblables à de l’eau de roche.
La société est dérangée par leur amour, qu’elle trouve contre-nature.
Elles sont jugées, frappées, et leur bonheur remis en question,
Comme si elles avaient eu le choix d’être deux âmes sœurs…
» Des fois, il faut plus de courage pour vivre que pour se tuer. »
Albert Camus
Ce soir-là, j’ai vraiment pensé à en finir.
Je vais commencer mon texte ainsi : âmes sensibles, s’abstenir !
Ce jour-là, je ne rêvais que d’une chose,
Avoir, pendant un temps, une vraie pause…
Alors je me suis allongée telle une poupée,
Car même le marchand de sable ne répondait pas !
Je me suis retrouvée étalée là, un vrai retour à la réalité,
Avec les bras écorchés tels ceux d’un vaillant soldat.
Alors je m’installai devant ma fenêtre et rêvai un moment
D’un monde meilleur, où j’aurais vraiment ma place.
Dans lequel je n’aurais pas besoin de traitement,
Une terre où je ne serais pas seule face à mes angoisses.
Puis les larmes sont montées, toutes seules,
Déferlant sur mes joues
Comme si elles jouaient à la course ;
Des larmes d’une personne en deuil.
Ma journée ne faisait que se ressasser,
Puis sont reparues les dernières années,
La famille électrique, les plaies du cœur,
La sensation d’être un simple acteur dans sa propre vie.
Voilà ce qui dansait au milieu de mes pensées.
J’ai essayé de stopper la machine infernale,
Ça ne s’arrêtait plus, c’était intenable !
À cet instant, mes yeux se sont posés sur ces gélules.
Elles soulagent les douleurs,
Peut-être qu’elles pourraient apaiser mon cœur !
Elles étaient là, sur mon bureau, ces putains de pilules.
Après tout, ces lignes qui expliquaient le pourquoi du comment
Attendaient bien sagement au fond de ma commode.
Mon cœur, qui n’était point apaisé, me dictait de continuer.
Je pris alors tous les médicaments pour échapper à la réalité.
Une vingtaine de minutes plus tard, le sommeil vint enfin.
Je m’allongeai et laissai mon esprit se calmer,
En espérant que ce somme soit éternel,
Pour ne plus jamais cesser de rêver.
Quelle fut ma surprise quand je sentis sur mon visage
Les premiers rayons du soleil au petit matin.
La météo annonçait une journée parfaite, sans nuage.
Alors tout reprit son cours et je me dirigeai vers la salle de bain.
Alors oui, ce soir-là, j’ai voulu en finir, mais le destin en a décidé autrement…
Et bien heureusement.